Science : La neuvième planète aurait été éjectée par ses sœurs, une origine chaotique révélée aux confins du Système solaire

Depuis plus d’une décennie, la communauté scientifique soupçonne l’existence d’un neuvième corps céleste, tapi dans l’ombre glaciale aux confins du Système solaire. Surnommée la Planète Neuf, cette géante hypothétique, cinq à dix fois plus massive que la Terre, pourrait expliquer les trajectoires étrangement groupées d’objets transneptuniens lointains. Mais une énigme persistait : d’où vient cette planète fantôme ? Une récente étude menée par des chercheurs de l’Université Rice, au Texas, propose une réponse fascinante et digne d’un roman cosmique.

Selon ce scénario, la Planète Neuf n’aurait pas toujours erré aux lisières du système solaire. Elle se serait formée plus près du Soleil, avant d’être brutalement expulsée par les forces gravitationnelles colossales des géantes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Une expulsion qui aurait pu condamner cette planète à l’exil interstellaire. Mais un secours providentiel serait venu… des étoiles. À l’époque, notre Soleil faisait encore partie d’un amas stellaire un groupe d’étoiles nées ensemble dans un nuage de gaz. Les champs gravitationnels de ces étoiles voisines auraient alors agi comme des remparts, infléchissant la trajectoire de la planète expulsée et lui permettant de conserver une orbite excentrée, mais stable, autour du Soleil.

Ce rebondissement cosmique aurait eu lieu dans les 3 à 5 premiers millions d’années de l’histoire de notre Système solaire, une période critique durant laquelle l’architecture planétaire était encore en pleine évolution. Une telle configuration l’expulsion suivie du « sauvetage » gravitationnel serait extrêmement rare. Les simulations des chercheurs montrent que ce scénario ne se produit que dans 1 % des systèmes stellaires, soulignant ainsi l’extraordinaire singularité du nôtre. En effet, seules 10 % des étoiles similaires au Soleil abriteraient des planètes géantes, condition indispensable à un tel chaos gravitationnel.

La probabilité que la Planète Neuf ait réellement existé et ait survécu à cette expulsion serait donc d’environ 40 %, à condition qu’elle ait été éjectée au bon moment, alors que le Soleil était encore bercé par son amas natal. Et si tel est le cas, cette planète oubliée serait aujourd’hui âgée de plusieurs milliards d’années, orbitant à des dizaines de milliards de kilomètres, invisible mais toujours présente.

Pour Konstantin Batygin, l’un des pionniers de l’hypothèse de la Planète Neuf en 2016, cette nouvelle étude est une avancée majeure : « Elle assemble les pièces du puzzle avec un niveau de détail inédit. » Mais rien n’est encore certain. D’autres scénarios restent envisageables, notamment celui d’une planète capturée par le Soleil, née ailleurs dans la galaxie.

Qu’elle soit le produit d’une expulsion chaotique ou d’une adoption cosmique, la Planète Neuf continue de fasciner. Et si les télescopes du futur confirment son existence, elle deviendra sans doute l’un des témoignages les plus éloquents de la jeunesse tumultueuse de notre Système solaire.

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